Discours de Sa Majesté le Roi des Belges à l’occasion de la visite d’état de Son Excellence Alexander Van der Bellen Président de la République fédérale d’Autriche
Monsieur le Président fédéral, Madame,
La Reine se joint à moi pour vous souhaiter, à vous, votre épouse et votre délégation, la plus chaleureuse bienvenue au Château de Laeken.
Votre visite s’inscrit dans un contexte inédit que nous avions espéré définitivement révolu en ce XXIème siècle, celui d’une guerre aux frontières de l’Union européenne. Une guerre qui provoque d’immenses souffrances et est la négation même du droit premier des nations à vivre en paix.
Votre Constitution se réfère explicitement au droit international. Et vous venez encore de l'affirmer: l'Autriche n'est pas neutre quand il s'agit de la démocratie et des valeurs.
Ce sont assurément ces principes fondateurs qui inspirent votre réaction par rapport à la situation en Ukraine. Votre pays fait preuve d'une émouvante solidarité avec ce grand peuple voisin d’Ukraine. "Pouvoir vivre en paix est un droit humain" : ce sont vos paroles, Monsieur le Président, et elles s'ajoutent à vos appels pressants, que rejoint la Belgique, pour que cesse au plus vite l'agression militaire dont est victime l'Ukraine.
Monsieur le Président,
Nos pays partagent une remarquable histoire commune et de frappantes similitudes. Nos peuples, nos concitoyens, insufflent de l’âme au bel édifice de nos relations bilatérales. Nos échanges étaient déjà denses au dix-huitième siècle mais le sont tout autant aujourd’hui, avec une intense activité économique, commerciale et touristique, une si riche communion culturelle, ou encore la coopération dans la recherche et l’innovation. Votre visite, Monsieur le Président, touche à chacun de ces domaines et ouvrira, j’en suis sûr, de nouveaux partenariats.
Je suis très touché par votre souhait d’échanger avec des jeunes, une priorité que vous partagez avec votre épouse et dont nous savons qu’elle marque votre mandat comme Chef de l’Etat. Nous devons être à leur écoute, stimuler leurs espoirs, encourager leur engagement. C’est avec et à travers eux que nous devons prendre les responsabilités indispensables pour assurer un avenir durable, démocratique, rempli d’espoir et d’opportunités, bâti sur le roc de la solidarité et du respect pour autrui.
Je me permets ici d’évoquer une de vos thèses reprises dans votre livre ‘L’art de la liberté’. Vous y écrivez que l’exercice correct du pouvoir démocratique ne peut se faire sans droits et libertés fondamentaux, mais que le pouvoir démocratique est tout aussi nécessaire pour préserver ces droits fondamentaux. Cette thèse, si profondément formulée, peut inspirer nos jeunes et nos débats sur l’avenir de nos sociétés et celui de la construction européenne.
Monsieur le Président,
Lors des sommets des Chefs d’Etat d’expression germanophone, nous évoquons des thèmes clés pour le devenir de nos sociétés. Je me permets d’en relever deux qui sont d’une acuité particulière, à savoir le climat et la pandémie.
Votre engagement fort pour les causes écologiques et climatiques, et vos initiatives visent à tous nous sensibiliser. Nous avons remarqué le lancement, à la Hofburg au début de cette année, du ‘Conseil citoyen pour le climat’.
De même, vous avez, pendant la crise du covid, lancé des appels en faveur de l’engagement citoyen, du respect des lois, de la solidarité ainsi que pour un comportement responsable, dans la dignité, tant de la part des décideurs que de la population. Ce sont des exhortations qui, devant l’énorme défi que représentent la santé publique et la sécurité de tout un chacun, pèsent de tout leur poids. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de concitoyens engagés, responsables et solidaires. Les énormes défis ne peuvent être affrontés qu’avec une grande détermination politique et le plein soutien de la population.
Monsieur le Président,
Je souhaite évoquer une dernière similitude, celle du rôle international de promotion de la paix et de la coopération multilatérale que représentent nos deux capitales, Vienne et Bruxelles.
L’Europe des Nations prit forme dans la foulée du Congrès de Vienne et dès 1955, votre capitale s’est développée comme lieu de rencontres privilégié pour des pourparlers de paix, de sécurité, de coopération onusienne et multilatérale.
Nous saluons l’engagement de votre pays en faveur de la coopération et de l’entente internationale, particulièrement en ces temps de grande instabilité. ‘Notre’ Union européenne est animée par la même volonté de contribuer à la paix et à la prospérité. Vienne et Bruxelles, de concert, continueront d’œuvrer pour consolider, durablement, cette communauté de valeurs et de principes fondamentaux qui sous-tendent nos démocraties.
Excellences,
mesdames, messieurs,
Puis-je vous inviter à lever le verre à la santé du président fédéral Van der Bellen et à l’amitié et l’intense coopération entre l’Autriche et la Belgique.