Discours de Sa Majesté le Roi à l'occasion du banquet d'État offert par Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse de Luxembourg.
Altesses Royales,
Cher Henri, Chère María Teresa
Mathilde et moi vous remercions de tout cœur pour vos nombreuses attentions depuis notre arrivée ce midi et pour les mots touchants que vous venez de prononcer. L’accueil chaleureux que le Luxembourg nous réserve nous fait l’effet, non seulement à nous-même mais à toute notre délégation, d’une grande réunion familiale.
Permettez-moi d’associer à nos retrouvailles la mémoire du Grand-Duc Jean, qui nous a quittés il y a à peine six mois, et la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte, grande sœur de mon père. L’esprit de notre visite est imprégné de leur histoire et de tout ce qu’ils nous ont légué. En ce 75ième anniversaire de la Libération, je pense en particulier à la participation du Grand-Duc Jean qui, jeune prince en exil, avait décidé de s’engager comme volontaire dans l’armée britannique.
Cher Henri, voilà bientôt vingt ans que tu as pris le relais de ton père, en donnant le meilleur de toi-même pour tes compatriotes. Sans artifice, avec classe et sincérité. Avec une attention particulière pour tous ceux qui t’approchent.
Depuis plus de mille ans, les pays luxembourgeois et belges ont fait partie des mêmes grands ensembles politiques. Né au cœur du royaume de Lotharingie au 11ième siècle, le comté puis le duché de Luxembourg, a tissé au fil du temps des liens innombrables avec les principautés belges. Pendant plus de quatre siècles nos territoires ont fait partie ensemble des Pays-Bas bourguignons, espagnols et autrichiens. Cette volonté de rassembler nos forces dans le respect de nos souverainetés, nous a conduits à créer, après les profondes blessures des guerres mondiales, le Benelux et ensuite l’Union européenne.
Luxembourgeois et Belges partagent cette caractéristique d’être à la croisée des cultures romanes et germaniques et d’en tirer d’énormes bénéfices. La famille grand-ducale incarne à merveille cette appartenance multiple. C’est grâce à son enracinement profond dans nos contrées, que la Maison de Nassau s’est vu confier le gouvernorat des Pays-Bas au 16ième siècle et la couronne grand-ducale du Luxembourg au 19ième siècle. Votre ascendance Bourbon vous relie par ailleurs fermement à la culture latine. Et avec la Princesse Stéphanie, dont la famille gouvernait les Pays-Bas au 15ième siècle, c’est votre ancrage belge qui s’est à nouveau renforcé.
Cette appartenance à plusieurs cultures, qui nous est propre à tous ici présents depuis des siècles, vaut à notre région d’être le centre névralgique de l’Union européenne. Elle permet à nos représentants de réussir plus facilement à accommoder les points de vue, et de ce fait, à remplir les plus hautes fonctions européennes.
Comme ce fut le cas par le passé, le Grand-Duché fait preuve aujourd’hui d’une vision stratégique impressionnante. La fée Mélusine poursuit inlassablement son œuvre énergisante. Notre visite permet de mieux comprendre cette dynamique qui vous est propre et de renforcer nos collaborations dans des secteurs de pointe comme l’économie verte, le secteur bancaire, le digital, le spatial, l’audiovisuel. Si nous voulons que nos entreprises puissent imprimer leur marque, rester ou devenir des champions nationaux ou internationaux, nous avons tout intérêt à créer des convergences les aidant à innover et à se profiler dans le monde.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle législature en Europe. Dans nos deux pays, de nouveaux gouvernements ont pris ou prendront prochainement leurs fonctions. A travers les scrutins qui ont eu lieu au cours de l’année écoulée, les électeurs ont clairement indiqué leurs priorités, parmi lesquelles un développement économique durable et un haut degré de justice sociale.
Le Luxembourg et la Belgique partagent la conviction que l’Europe a déjà permis de très nombreux progrès dont bénéficient les citoyens européens. Il est maintenant temps de donner un nouveau souffle au projet européen et d’identifier de nouvelles ambitions mobilisatrices pour la jeunesse européenne, comme l’espace, ou comme le Corps européen de solidarité, qui permet à des jeunes de s’engager dans des projets de service au sein ou en dehors de l’Union Européenne.
Nos institutions ont besoin de l’enthousiasme renouvelé des citoyens. La confiance ne peut s’épanouir que par des relations singulières, entre personnes, au quotidien, de manière spontanée et par le biais des institutions dont c’est l’ultime finalité. C’est ce à quoi notre visite doit contribuer. En mettant en évidence les liens chaleureux qui nous unissent et l’amitié séculaire entre Luxembourgeois et Belges, nous ravivons cet esprit ouvert et constructif qui ne peut qu’assurer un avenir prometteur pour nos populations. C’est avec cette ferme conviction que je vous prie de vous lever pour un toast.
Mesdames et Messieurs,
Je vous prie de lever vos verres à la santé du Grand-Duc Henri et de la Grande-Duchesse María Teresa.
Seul le prononcé fait foi.