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Allocution de Sa Majesté la Reine à la session extraordinaire de la Réunion mondiale sur l’éducation (2020 GEM)

22 octobre 2020

Garantir le droit à une éducation de qualité face à la pandémie du COVID

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

En tant que Défenseur des Objectifs de Développement durable, j’ai toujours fait de l’éducation de qualité l’une de mes priorités.

Le COVID 19 a bouleversé nos vies.

Je salue les enseignants qui, partout dans le monde, ont déployé énergie et créativité pour assurer la continuité des cours face à la pandémie. Je salue aussi l’engagement des élèves et étudiants et de leurs parents.

Mais l’avenir reste incertain. Pour faire face aux enjeux des prochains mois et des prochaines années, la mobilisation au niveau national et international dont nous avons été témoins demeure déterminante.

Dans un contexte changeant, marqué par des fermetures d’écoles et de strictes mesures de précaution, les professeurs ont souvent su faire preuve d’une flexibilité et d’une capacité de création inédites. L’enseignement à distance et les nouvelles technologies ont produit des solutions novatrices en matière de remédiation, qui ont permis d’éviter le pire. Ce sont des expériences sur lesquelles nous pouvons bâtir pour l’avenir.

Mais, ne nous aveuglons pas. En dépit de tous ces efforts, beaucoup trop d’enfants ont été laissés pour compte, surtout parmi les plus vulnérables : les filles, les enfants en situation de pauvreté ou atteints de handicap.

La pandémie a jeté une lumière crue sur les points faibles de nos sociétés. Par exemple la persistance des inégalités, mais aussi l’ignorance, qui poussent, en temps de crise, des familles démunies à mettre leurs enfants au travail, ou à marier au plus vite leurs filles adolescentes. Ou encore la précarité, les violences familiales et l’absence de connectivité qui rendent impossible l’étude en dehors du milieu scolaire.

Nous savons que des millions d’enfants et de jeunes, dont beaucoup de filles, ne reprendront sans doute pas le chemin de l’école. Et que des millions d’autres éprouveront des difficultés à poursuivre normalement leur scolarité. Le Secrétaire général des Nations Unies l’a souligné : nous étions déjà confrontés à une crise de l’éducation avant la pandémie. Nous faisons désormais face à une « catastrophe générationnelle », qui risque de mettre à mal les progrès engrangés au cours des dernières décennies. Elle risque aussi de priver nos sociétés d’un précieux capital humain, essentiel à leur développement et à leur bien-être. Le droit des enfants et des jeunes à l’éducation ne peut rester un vain mot. Il faudra au plus vite reconstruire un enseignement de qualité, reconstruire mieux et sur des bases durables.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Il sera difficile de reconstruire sur des bases durables si nous n’accordons pas l’attention nécessaire à la santé mentale et au bien-être mental des enfants et des jeunes, mais aussi des enseignants et des parents. La pandémie a amplifié les causes d’anxiété, de stress et de dépression. Les opinions publiques et les décideurs semblent en avoir pris conscience. Il est temps d’apporter les réponses adéquates. Il nous faut prendre la santé mentale au sérieux, lutter contre la peur de la stigmatisation, et rendre l’accès aux conseils et aux soins accessible à tous, en fonction de leurs besoins.